3 composantes, 3 revendications, 3 sanctions
La campagne Boycott Désinvestissement Sanctions (« BDS ») est un appel lancé le 4 juillet 2005 par un collectif de 172 organisations et associations palestiniennes intimant la communauté internationale de boycotter intégralement Israël. La mise au ban des Nations devra durer jusqu’à ce que ce pays "honore ses obligations de reconnaître le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et se conforme au droit international".
Les 3 composantes
Les signataires de cet appel se définissent eux-mêmes comme les représentants des trois composantes majeures de la société civile palestinienne, à savoir (1):
- Les Palestiniens vivant sous occupation dans les Territoires Occupés (Cisjordanie), y compris Jérusalem et la bande de Gaza (38%) ;
- Les réfugiés vivant en exil (50%) ;
- Les citoyens arabo-palestiniens vivant sur
le territoire israélien (12%).
Les 3 revendications
Le collectif palestinien entend convaincre la communauté internationale que la paix entre Israéliens et Palestiniens ne passe pas par des « négociations de paix » devant aboutir à un accord politique entre les deux belligérants mais par le respect scrupuleux par l’Etat d’Israël du droit international et des droits humains des Palestiniens.
Le droit à l'auto-détermination du peuple palestinien devant se réaliser sur l'ensemble du territoire de la Palestine historique, les obligations internationales d'Israël qui en découlent reposeraient en conséquence sur les trois piliers suivants :
- La fin de l’occupation et de la colonisation de tous les territoires arabes actuellement occupés, y compris le Plateau du Golan ;
- Le retour sans conditions de l’ensemble des réfugiés palestiniens à l’intérieur des frontières de l’Etat d’Israël ; et
- L’égalité complète des droits pour les citoyens arabo-palestiniens vivant en Israël.
Ces deux derniers piliers sont prioritaires puisque les réfugiés vivant en exil et les citoyens palestiniens vivant en Israël constituent 62% de la population palestinienne et sont pour BDS les grands oubliés du processus de paix enclenché à Oslo qui ne visait que les Palestiniens situés dans les Territoires Occupés depuis 1967.
La position officielle du collectif consiste à se concentrer exclusivement sur les droits humains des Palestiniens issus de la législation internationale et non sur les solutions politiques. En ce qui concerne la résolution politique du conflit israélo-palestinien, BDS se refuse à prendre explicitement position dans le débat opposant tenants de la bipartition et leurs adversaires favorables à un seul Etat. Pour son porte-parole Omar Barghouti, "la forme étatique que les peuples de la région établiront dépendra de leur volonté et de l’évolution de leurs relations" (2).
Les 3 mesures coercitives
BDS exige de la communauté internationale qu'elle prenne trois mesures punitives à l’encontre de l’Etat d’Israël :
a) Le boycott
BDS appelle au boycott intégral d'Israël : c’est-à-dire non seulement politique et économique mais aussi culturel, académique, scientifique et sportif. Celui-ci vise tout individu qui est représentatif de ce pays ou d’une institution israélienne complice, ou s’il est commandité ou recruté pour participer aux efforts d’Israël pour se « donner une nouvelle image ».
b) Le désinvestissement
BDS encourage développement de Campagnes Nationales visant à faire pression sur les entreprises nationales afin qu’elles se désinvestissent de l’État juif. L’organisation mène également des actions de lobbying auprès des gouvernements, des institutions et des entreprises pour qu’elles cessent d’investir ou de coopérer économiquement avec l’État juif [3].
c) Les sanctions
les gouvernements des pays occidentaux sont les complices des crimes commis par l’Etat d’Israël car ils soutiennent de manière inconditionnelle un régime colonialiste, d’occupation et d’apartheid. BDS entend mettre un terme à cette complicité internationale et demande aux citoyens de conscience du monde à faire pression sur leurs gouvernants afin qu’ils abandonnent leurs politiques favorables à Israël et stoppent toute relation avec lui.
Ces trois mesures coercitives doivent être appliquées par la communauté internationale jusqu'à ce que les Israéliens honorent leurs obligations internationales, c'est-à-dire jusqu'à la reddition complète et inconditionnelle d'Israël et son acceptation de voir le droit du peuple palestinien à l'auto-détermination se réaliser sur l'intégralité du territoire de la Palestine historique.
(1) Selon les chiffres de 2014 émis par l’Office Central Palestinien des Statistiques, sur les 11.800.000 Palestiniens, ceux des territoires palestiniens occupés (TPO), c’est-à-dire Gaza et la Cisjordanie, y compris Jérusalem Est, représentent seulement 38 % de la totalité de la population palestinienne. Les citoyens palestiniens d’Israël représentent environ 12 %, et les Palestiniens en exil constituent les 50 % restants.
[2] Omar Barghouti: « BDS: discussing Difficult Issues in a Fast-Growing Movement “, Al-Shabaka, juin 2016. Voir également: S. Henry: "Les raisons du boycott économique d'Israël par BDS", CERSP, mars 2019
[3] Romain Geoffroy « Qu’est-ce que le mouvement BDS, à l’origine des appels au boycott d’Israël ? », Le Monde, Novembre 2015; Blandine Le Cain : "Qu'est-ce que le mouvement BDS, qui prône le boycott des produits israéliens?", Le Figaro, novembre 2017.