BDS soutient-il le processus de paix d’Oslo?

BDS se présente au public comme un mouvement pacifiste qui rechercherait une paix juste dans la région. Ce message est relayé par ses supporters notamment en France (1).

Le collectif palestinien est pourtant diamétralement opposé au « processus de paix » d’Oslo et à la solution politique du partage de la Palestine en « deux Etats vivant côte-à-côte dans des frontières sûres et reconnues« .

Le rejet du processus de paix

BDS rejette les accords d’Oslo et le processus de paix. Il se définit comme le représentant des trois composantes majeures de la société civile palestinienne : les Palestiniens vivant dans les territoires occupées depuis 1967, les réfugiés vivant en exil et les Palestiniens vivant sur le territoire israélien. Ces deux dernières composantes, 62% au total, seraient les grandes oubliées du processus de paix d’Oslo qui ne visait que les Palestiniens situés dans les Territoires occupés depuis 1967.

« Les accords d’Oslo ont privé les Palestiniens de la région de 1948 de leurs droits de représentation, ce qui a provoqué une sérieuse rupture. Au contraire, le mouvement BDS insiste sur le droit de tous les Palestiniens d’exercer l’autodétermination en tant que peuple unifié et, en tant que tel, insiste sur les droits de tous les Palestiniens, y compris les Palestiniens de 1948 ».

Source: « Omar Barghouti, l’homme à la base du mouvement BDS » publiée en juin 2015 sur le site internet de BDS France

Le rejet de la solution à deux Etats

BDS rejette la solution politique à deux Etats. Il se présente comme un mouvement radicalement antisioniste et estime la présence juive sur une partie du territoire de la Palestine historique comme totalement illégitime. Il lutte pour la « désionisation » d’Israël c’est-à-dire la fin du régime politique permettant aux Israéliens de confession juive d’être majoritaires et la fin du droit pour les Juifs du monde entier de venir s’y installer.

« Nous avons, malheureusement, perdu beaucoup de ce qui a fait le mouvement palestinien de libération nationale, pour une grande part à cause des accords d’Oslo. La direction palestinienne, avec l’approbation explicite ou implicite de la plupart des partis politiques palestiniens, a cédé les droits palestiniens fondamentaux et s’est soumise aux ordres des États-Unis et de l’Union européenne de s’adapter au maximum au régime d’oppression coloniale d’Israël »


Interview d’Omar Barghouti : « BDS: Discuter des questions difficiles dans un mouvement en plein essor », Al-Shabaka, 16/06/2016 ; voir également Interview d’Omar Barghouti publiée par l’AURDIP, 11/07/2015 : «  BDS a joué un rôle déterminant dans le changement de discours sur la question de la Palestine après plus de deux décennies d’un « processus de paix » frauduleux qui a sapé les droits des Palestiniens et a servi de feuille de vigne pour l’expansion et l’enracinement du régime israélien d’occupation, de colonisation de peuplement et d’apartheid.

Une solution à un seul Etat

BDS estime ainsi que la solution pour obtenir la paix dans la région n’est pas politique car tout dialogue avec Israël en vue du partage du territoire spolierait les droits des Palestiniens et empêcherait leur autodétermination. Selon le collectif palestinien la paix dans la région ne pourra s’établir qu’après la reddition totale des Israéliens. Raison pour laquelle il demande à la communauté internationale de bannir Israël des Nations.

Le collectif palestinien inscrit ainsi son action totalement en dehors du cadre fixé par le processus de paix. La paix passe par la création d’un seul et unique Etat sur l’ensemble du territoire de la Palestine historique avec une majorité arabo-palestinienne et le cas échéant, une minorité judéo-palestinienne. (2)

BDS n’est cependant pas très disert sur les contours futurs de cet Etat. Selon la formule consacrée de son porte-parole Omar Barghouti, « la forme étatique que les peuples de la région établiront dépendra de leur volonté et de l’évolution de leurs relations« .


(1) Tribune: « Boycotter Israël, c’est lutter pour une paix juste », Le Monde, novembre 2010

(2) Interview d’Omar Barghouti : « Face à Israël, la France est hypocrite », Le Monde, juin 2015.