Les Juifs doivent-ils quitter l’Europe?
L’Europe connait une montée inquiétante de la haine antijuive. Cette explosion de discours antisémites se manifeste non seulement dans la rue, à travers des actes de violence physique et verbale, mais aussi sur les réseaux sociaux, où les dérapages haineux se multiplient.
Les communautés juives européennes se retrouvent une nouvelle fois prises en étau, confrontées à une hostilité croissante provenant à la fois de l'extrême droite et de l'extrême gauche. Cette convergence d'attaques antisémites, qui gangrènent la société civile et politique représente une menace grave qu'il est impératif de prendre au sérieux.
La peur s'installe dans les communautés juives face à la montée de l'antisémitisme
La multiplication des actes antisémites ces derniers mois a créé un climat de peur et d'intimidation palpable au sein des communautés juives. En témoigne l'étude commanditée en 2024 par l'agence des droits fondamentaux de l'Union européenne (FRA) révélant que l'antisémitisme fait désormais partie de la vie quotidienne de pratiquement tous les sondés. Cette situation a conduit de nombreuses familles à se poser une question qu'elles pensaient ne plus jamais devoir envisager : celle d'un nouvel exode.
Les Juifs doivent-ils quitter l’Europe tant qu’il est encore temps ? Si oui, pour aller où ?
La réponse à ces questions peut être trouvée dans l’enchaînement des événements ayant entrainé la détérioration de la situation des Juifs en Europe dans les années trente. Cette époque, comme aujourd’hui, fût marquée par une forte explosion des actes antisémites, une cristallisation politique autour de la « question juive » et un processus de déshumanisation des Juifs qui aboutit, comme on le sait, à l'exclusion des Juifs de la Cité, puis de la vie même. Quel fût le point de bascule qui aurait dû inciter les Juifd au départ? Ce moment-charnière est la promulgation par le pouvoir politique de lois antijuives mettant définitivement les Juifs au ban de la société. Le piège se referme alors définitivement. A partir de là, il est trop tard pour partir.
Pour le reformuler autrement, c’est l’adoption de mesures visant à exclure les seuls Juifs de la société qui devrait constituer, pour les communautés juives européennes contemporaines, le signal de leur départ. Pour ne pas voir l’histoire se répéter.
Le signal de départ?
Or, il se fait que ces mesures antijuives ont commencé à faire leur réapparition en Europe : boycott des universitaires et chercheurs israéliens de presque toutes les universités européennes, refus d’organiser un match de football avec l’équipe nationale israélienne en Belgique, interdiction pour les entreprises commerciales israéliennes de participer à une foire commerciale en France, déprogrammation d’artistes israéliens de festivals de musique ou de culture, etc.
Faut-il s’inquiéter de toutes ces mesures qui additionnées font d’Israël le Juif des Nations ? La question est posée.
Certains répliqueront que les Juifs d’Europe ne sont pas visés par ces mesures de rétorsion et que seuls les Juifs vivant en Israël le sont. Mais c’est exactement le discours que les Juifs de France tenaient à l’encontre des Juifs immigrés (Ostjuden) dans les années 30. Avant que l’histoire ne les rattrape tous. L’antisémitisme ne connait pas de frontières.
D’autres jaugerons que c’est Israël qui est le problème et que sa disparition de la surface de la planète est la solution pour mettre un terme à l’antisémitisme en Europe. Ceux-là ne connaissent pas l’histoire. La haine des Juifs n’a pas attendu la création de l’Etat d’Israël pour prospérer. Et puis, une porte de sortie, c’est exactement ce qui a manqué aux Juifs d’Europe à la fin des années trente.
Jusqu’ici tout va bien.