Que veut dire « colonisation » pour BDS
Le droit international considère les colonies israéliennes implantées à l’intérieur des territoires palestiniens occupés par Israël depuis la guerre des Six Jours de 1967 comme illégales. Le processus de paix entamé à Oslo devait en principe aboutir à restituer ces territoires palestiniens à l’Autorité Palestinienne et régler le sort de la plupart des colonies. On sait ce qu’il en est advenu.
C’est exactement au moment où les deux « partenaires pour la paix » fermaient la porte à la paix qu’un nouveau collectif palestinien a émergé sur le devant de la scène. BDS qui prétend parler au nom de la société civile palestinienne a lancé en 2005 un appel à la communauté internationale pour boycotter intégralement Israël jusqu’à ce que ce dernier honore ses
obligations de respecter les droits humains des Palestiniens et le droit international.
A partir de quand débute l'occupation et la colonisation?
Le seul problème est que BDS qui prétend inscrire son combat dans le cadre du droit international situe la colonisation judéo-israélienne des territoires palestiniens non pas depuis 1967 mais depuis la Déclaration Balfour de 1917. Le collectif palestinien rappelle ainsi que la déclaration Balfour a « soutenu et enraciné la colonisation de
la Palestine. Elle a jeté les bases de la Nakba de 1948, du nettoyage ethnique de la majorité du peuple autochtone de la Palestine par le bras des milices sionistes relayées par les forces israéliennes pour établir une majorité juive
en Palestine. Du point de vue de ses victimes palestiniennes, cette funeste déclaration du gouvernement britannique,
publiée dans une arrogance typiquement coloniale et profondément ancrée dans le racisme à l’égard des populations non-européennes, a constitué une déclaration de guerre contre notre peuple. Elle a facilité et tenté de légitimer l’établissement d’un « foyer national » juif en Palestine, dépouillant les Palestiniens de leurs droits nationaux et politiques et donnant naissance, finalement, à un État colonial de peuplement et d’apartheid israélien qui privilégie les droits de colons juifs majoritairement européens sur les droits de la majorité palestinienne indigène »[1].
La référence historique de BDS n’est donc pas la colonisation israélienne apparue en Cisjordanie après la guerre des Six jours (1967) mais la colonisation juive de la Palestine depuis la Déclaration Balfour (1917) comme cela est représenté par sa carte géographique officielle.
Les effets induits de ce recadrage historique
Le « recadrage » historique de la colonisation judéo-israélienne permet d’expliquer le positionnement particulier du collectif palestinien sur Israël et le sionisme. BDS décrit dans toute sa communication l’Etat d’Israël comme un Etat colonial c’est-à-dire comme une création fictive des puissances occidentales qui auraient importés « leurs » juifs (principalement européens et américains) dans la région pour y maintenir leur domination économique, culturelle et politique. BDS ne considère donc pas le sionisme comme un mouvement de libération nationale du peuple juif mais le décrit comme une entreprise coloniale criminelle. En résumé, pour BDS la présence juive sur une partie du territoire de la Palestine historique n’est pas légitime.
BDS est-il un partenaire de la Paix?
On comprend maintenant nettement mieux ce que veut dire BDS lorsqu’il revendique dans sa charte « la fin de tous les territoires arabes occupés ». La fin de l’occupation et de la colonisation de l’ensemble des territoires arabes réclamée par BDS va à l’encontre de la position officielle de l’Autorité Palestinienne, seul représentant légitime du peuple palestinien, puisqu’elle ne vise pas uniquement des territoires palestiniens occupées par Israël depuis 1967 (Cisjordanie et bande de Gaza qui peut également comprendre un échange mineur de territoire comparable et mutuellement accepté dans le cadre d’un accord de paix) mais comprend l’ensemble des territoires arabes actuellement contrôlés par les sionistes, y compris le plateau du Golan (territoire revendiqué par la Syrie), Haïfa et Tel-Aviv, c’est-à-dire l’entièreté du territoire actuellement sous contrôle ou sous souveraineté israélienne.
Avec une revendication comme celle-là, le collectif palestinien se place clairement en dehors du cadre du droit international alors qu’il affirme le contraire. Il est d’ailleurs peu probable qu’il puisse convaincre une majorité d’Israéliens qu’il est un partenaire de la Paix, ce qui devrait réjouir Netanyahou et les partis politiques au pouvoir aujourd’hui en Israël. Au détriment du peuple palestinien que BDS prétend pourtant représenter.