La campagne de boycott en France
Les cahiers du CERSP publient une cartographie des actions militants de B.D.S. en France.
En France, la question du boycott de l’Etat d’Israël a investi en quelques années non seulement le champ politique (les circulaires Alliot-Marie et Mercier[1]), judiciaire (arrêt de la cour de cassation du 20 octobre 2015[2], tribunaux condamnant ou relaxant des militants pro-B.D.S.) mais également culturel (boycott de chanteurs, annulation de festivals) ou encore économique (désinvestissement de certaines entreprises françaises comme Véolia
et Orange), etc. Pour ses supporters français, le mouvement est en ordre de bataille : « Du Canada, à l'Australie en passant par l'Afrique du Sud, les Etats-Unis, l'Amérique latine et l'Europe, c'est un mouvement international, non-violent et populaire qui se développe. Syndicats, ONG, associations, Eglises, universités, municipalités, personnalités de renommée mondiale et simples citoyens se retrouvent pour défendre un même objectif : l'application du droit »[3].
[1] CRIM – AP
N°09-900-A4 du 12 février 2010. Cette circulaire a été complétée en 2012 (CRIM-AP N° 2012-0034-A4).
[2] J-B. Jacquin : « L’appel
à boycotter Israël déclaré illégal », Le Monde, novembre 2015. Dans cet arrêt, la cour a confirmé la condamnation par la cour d’appel de Colmar de 14 militants de B.D.S. à € 28.000 de dommages et intérêts aux parties civiles, ainsi qu’à une amende de € 1.000 avec sursis pour chacun des militants. Il leur était reproché d’avoir participé à une manifestation dans un supermarché appelant au boycott des produits en provenance d’Israël. Pour la plus haute juridiction française, le délit de « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race, ou une religion déterminée » est bien constitué.
[3] Tribune publiée dans le monde : « Boycotter Israël, c’est lutter pour une paix juste », novembre 2010 en soutien à l’appel
palestinien « Boycott, Désinvestissement, Sanctions » de 2005 et signée en autre par Olivier Besancenot et Clémentine Autain. Voir également : A. Remion, « Le boycott économique, politique ou culturel d’Israël, une tendance en expansion », Le Huffington Post, août 2014.
Pourquoi le conflit israélo-palestinien est-il aussi passionnel?
Il n’existe aucune corrélation entre le conflit israélo-palestinien, aussi terrible fût-il, et le degré de mobilisation internationale qu’il suscite. C’est ce qui le rend singulier.
Les défenseurs d’Israël considèrent cette fascination éminemment suspecte. L’antisémitisme dont les Juifs seraient victimes en serait, selon eux, l’explication majeure.
Les défenseurs de la Palestine rejette catégoriquement cette explication et dénoncent même « le terrorisme intellectuel qui viserait à empêcher tout débat quant à la politique du gouvernement d’Israël et qui consisterait à taxer d’antisémite toute personne qui viendrait à critiquer celle-ci« . Ils considèrent cet intérêt international totalement légitime et pleinement justifié. L’injustice historique subie par les Palestiniens, le lourd tribut payé par la population palestinienne, la gravité de certains actes commis par les Israéliens, leur violation systématique du droit international justifieraient, à eux seuls, la centralité du conflit israélo-palestinien sur l’échelle internationale des conflits régionaux.
Une étude dirigée par Alain Soriano, Directeur du CERSP, entend proposer une autre explication.
L’étude se trouve en annexe en accès libre. Elle peut également être consultée sur le site du magazine Regards.