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Que veut dire « apartheid » pour BDS ?

BDS qualifie Israël dans toute sa communication non pas d’Etat sioniste mais d’Etat d’apartheid. Ce terme fait bien évidemment directement écho à la lutte contre la ségrégation raciale en Afrique du Sud qui est une constante au sein du mouvement national palestinien.

Pour BDS, le boycott d’Israël est un devoir moral

Il existerait tout d’abord un apartheid à l’intérieur même de l’Etat hébreu puisque les droits des Juifs n’y sont pas les mêmes que les droits des non-Juifs. Il existerait ensuite un apartheid extérieur puisque le droit de retour est autorisé pour les Juifs mais interdit pour les Palestiniens. Ainsi la loi israélienne confère aux Juifs du monde entier le droit d’entrer en Israël et d’obtenir la citoyenneté israélienne, quel que soit leur pays d’origine alors que les Palestiniens sont privés d’un droit comparable. Il existerait un apartheid extérieur encore dès lors que les droits des 350.000 colons juifs sont différents des droits des Palestiniens en Cisjordanie occupée puisque les premiers sont soumis au droit civil israélien alors que les seconds sont régis par le droit militaire.

Le boycott d’Israël serait donc pour le collectif palestinien comme pour ses soutiens occidentaux[1] un devoir moral.

Le crime d’apartheid en droit international

En accolant systématiquement le qualificatif « d’apartheid » à l’Etat d’Israël, le message que BDS entend faire passer à la communauté internationale va cependant bien au-delà de la simple référence à l’apartheid sud-africain.

Pour le collectif palestinien, la reconnaissance par la communauté internationale de l’Etat d’Israël « en tant qu’Etat juif » est une erreur historique car « elle contient inévitablement la légitimation d’un régime dans lequel l’appartenance ethnico-religieuse ou raciale de quelqu’un constitue le critère de base pour un système institutionnel universel de ségrégation tenant à privilégier les uns et à discriminer les autres » [2]. Pour BDS, le crime d’apartheid, le caractère juif de l’Etat d’Israël, se situe donc dans la conception même de l’Etat.

Or l’apartheid est considéré par le droit international comme le deuxième crime le plus grave contre l’Humanité (le génocide étant le premier). Le crime international d’apartheid est défini dans l’article II de la Convention internationale de 1973 sur l’élimination et la répression du crime d’apartheid qui énonce ce qui suit : « L’expression « crime d’apartheid », qui englobe les politiques et pratiques semblable de ségrégation et de discriminations raciales, telles qu’elles sont pratiqués en Afrique australe, désigne les actes inhumains indiqués ci-après, commis en vue d’instituer ou d’entretenir la domination d’un groupe racial d’êtres humains sur n’importe quel autre groupe racial d’êtres humains et d’opprimer systématiquement celui-ci ». Il est également repris à l’article 7 du Statut de Rome établissant le cadre légal de la Cour pénale internationale qui indique ce qui suit : « Par « crime d’apartheid », on entend des actes inhumains …commis dans le cadre d’un régime institutionnalisé d’oppression systématique et de domination d’un groupe racial sur tout autre groupe ou tous autres groupes raciaux et dans l’intention de maintenir ce régime.

Tract de BDS à l'occasion de la "Semaine Internationale contre l'apartheid israélien"

Le véritable message de BDS sur l'apartheid n'est pas celui que l'on croit

En d’autres termes, pour le collectif palestinien et ses soutiens occidentaux, le fait pour les Juifs d’avoir un Etat au sein duquel ils seraient majoritaires et où ils auraient un droit exclusif au retour est constitutif d’un crime aussi grave que le crime nazi.

Tel est plus que probablement le message subliminal que BDS entend faire passer à la communauté internationale lorsqu’il accole le terme « apartheid » à celui de l’État d’Israël. L'utilisation de ce qualificatif n'a donc en réalité strictement rien à voir avec la lutte contre la ségrégation raciale en Afrique du Sud.


[1] Herman De Ley :” Le boycott d’Israël
(BDS), un devoir moral”, BACBI-Dossier N° 3, 2017.

[2] Voir notamment à ce sujet la Charte de l’association américaine US Campaign for Palestinian Rights (USCPR), un des partenaires américaines de B.D.S., qui stipule ce qui suit : « We stand against Zionism as a political system that privileges the rights of Jews over the rights of others ».

Que veut dire « colonisation » pour BDS

Le droit international considère les colonies israéliennes implantées à l’intérieur des territoires palestiniens occupés par Israël depuis la guerre des Six Jours de 1967 comme illégales. Le processus de paix entamé à Oslo devait en principe aboutir à restituer ces territoires palestiniens à l’Autorité Palestinienne et régler le sort de la plupart des colonies. On sait ce qu’il en est advenu.

C’est exactement au moment où les deux « partenaires pour la paix » fermaient la porte à la paix qu’un nouveau collectif palestinien a émergé sur le devant de la scène. BDS qui prétend parler au nom de la société civile palestinienne a lancé en 2005 un appel à la communauté internationale pour boycotter intégralement Israël jusqu’à ce que ce dernier honore ses
obligations de respecter les droits humains des Palestiniens et le droit international
.

A partir de quand débute l'occupation et la colonisation?

Le seul problème est que BDS qui prétend inscrire son combat dans le cadre du droit international situe la colonisation judéo-israélienne des territoires palestiniens non pas depuis 1967 mais depuis la Déclaration Balfour de 1917. Le collectif palestinien rappelle ainsi que la déclaration Balfour a « soutenu et enraciné la colonisation de
la Palestine. Elle a jeté les bases de la Nakba de 1948, du nettoyage ethnique de la majorité du peuple autochtone de la Palestine par le bras des milices sionistes relayées par les forces israéliennes pour établir une majorité juive
en Palestine. Du point de vue de ses victimes palestiniennes, cette funeste déclaration du gouvernement britannique,
publiée dans une arrogance typiquement coloniale et profondément ancrée dans le racisme à l’égard des populations non-européennes, a constitué une déclaration de guerre contre notre peuple. Elle a facilité et tenté de légitimer l’établissement d’un « foyer national » juif en Palestine, dépouillant les Palestiniens de leurs droits nationaux et politiques et donnant naissance, finalement, à un État colonial de peuplement et d’apartheid israélien qui privilégie les droits de colons juifs majoritairement européens sur les droits de la majorité palestinienne indigène »
[1].

La référence historique de BDS n’est donc pas la colonisation israélienne apparue en Cisjordanie après la guerre des Six jours (1967) mais la colonisation juive de la Palestine depuis la Déclaration Balfour (1917) comme cela est représenté par sa carte géographique officielle.

la carte officielle de la Palestine pour BDS

Les effets induits de ce recadrage historique 

Le « recadrage » historique de la colonisation judéo-israélienne permet d’expliquer le positionnement particulier du collectif palestinien sur Israël et le sionisme. BDS décrit dans toute sa communication l’Etat d’Israël comme un Etat colonial c’est-à-dire comme une création fictive des puissances occidentales qui auraient importés « leurs » juifs (principalement européens et américains) dans la région pour y maintenir leur domination économique, culturelle et politique. BDS ne considère donc pas le sionisme comme un mouvement de libération nationale du peuple juif mais le décrit comme une entreprise coloniale criminelle. En résumé, pour BDS la présence juive sur une partie du territoire de la Palestine historique n’est pas légitime.

BDS est-il un partenaire de la Paix?

On comprend maintenant nettement mieux ce que veut dire BDS lorsqu’il revendique dans sa charte « la fin de tous les territoires arabes occupés ».  La fin de l’occupation et de la colonisation de l’ensemble des territoires arabes réclamée par BDS va à l’encontre de la position officielle de l’Autorité Palestinienne, seul représentant légitime du peuple palestinien, puisqu’elle ne vise pas uniquement des territoires palestiniens occupées par Israël depuis 1967 (Cisjordanie et bande de Gaza qui peut également comprendre un échange mineur de territoire comparable et mutuellement accepté dans le cadre d’un accord de paix) mais comprend l’ensemble des territoires arabes actuellement contrôlés par les sionistes, y compris le plateau du Golan (territoire revendiqué par la Syrie), Haïfa et Tel-Aviv, c’est-à-dire l’entièreté du territoire actuellement sous contrôle ou sous souveraineté israélienne.

Avec une revendication comme celle-là, le collectif palestinien se place clairement en dehors du cadre du droit international alors qu’il affirme le contraire. Il est d’ailleurs peu probable qu’il puisse convaincre une majorité d’Israéliens qu’il est un partenaire de la Paix, ce qui devrait réjouir Netanyahou et les partis politiques au pouvoir aujourd’hui en Israël. Au détriment du peuple palestinien que BDS prétend pourtant représenter.


[1] Communiqué
du B.N.C. du 02/11/2017

Mandela plus chic que Y. Arafat ?

17/02/2019 Commentaires fermés sur Mandela plus chic que Y. Arafat ? By Simon Henry

La révélation d’une filiation cachée n’est jamais un moment agréable pour un personnage public. On a encore en mémoire la découverte de Mazarine, la fille cachée de François Mitterrand et du scandale d’Etat qui s’ensuivit ou encore de l’exhumation de l’acteur Yves Montand pour un test ADN qui se révéla négatif. Plus près de nous, l’ex-roi des belges Albert II tremble à l’idée même de devoir subir un test de paternité. La divulgation d’un adultère peut définitivement ternir l’image que l’on a construite pendant de longues années auprès de ses admirateurs.

Une image positive par la grâce de N. Mandela

Il en va de même pour le mouvement BDS. Le collectif palestinien martèle à longueur de tweets et de messages qu’il existe un lien historique entre son combat et le mouvement de lutte contre la ségrégation raciale d’Afrique du Sud. En plaçant ses actions militantes dans le sillon de celles réalisées par l’ANC de Nelson Mandela qui bénéficie d’une aura mondiale, le collectif palestinien cultive une image de mouvement pacifiste et non-violent auprès de l’opinion publique occidentale qu’il entend rallier à sa cause. Non sans un certain succès.

Une filiation non avouée

Il existe pourtant une autre filiation que le collectif palestinien passe curieusement sous silence. La fin de l’occupation et de la colonisation de tous les territoires arabes actuellement occupés, y compris donc Tel-Aviv et Haïfa couplée au retour sans conditions de tous les réfugiés palestiniens réclamées par BDS sont en tout point identiques aux revendications de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) avant que son leader emblématique Yasser Arafat ne décide de rendre la Charte de la branche principale du mouvement national palestinien historique caduque en 1988. Rappelons que c’est ce premier geste d’ouverture du côté palestinien, couplé à une forte pression américaine, qui a finalement décidé les Israéliens à s’asseoir à la table des négociations. Depuis, l’OLP a été intégrée au sein de l’Autorité Palestinienne et adhère, au moins officiellement, à la résolution du conflit par la création de deux Etats.

Yasser Arafat à la Une du Time

Pour BDS en revanche, le partage de la Palestine de 1947 et la création de l’Etat d’Israël sont nuls et non avenus quel que soit le temps écoulé depuis cette date, étant donné qu’ils ont été opérés contre la volonté du peuple palestinien. Ce positionnement est donc clairement un retour en arrière. La Charte de BDS n’est qu’une resucée 2.0. de la Charte de l’OLP et ce, tant au niveau de son idéologie dominante (lutte anticoloniale) que de son analyse du conflit (une seule partie est légitime, l’autre ne l’est pas et doit disparaître) et, partant, de la solution pour y mettre un terme à savoir la disparition de l’Etat d’Israël et son remplacement par un Etat Palestinien sur l’ensemble du territoire avec une majorité arabo-palestinienne et, le cas échéant, une minorité judéo-palestinienne.

Une légère différence quand même

Une légère différence programmatique existe cependant entre les deux chartes et elle concerne le sort réservé à la minorité de confession juive (aujourd’hui environ 7,000,000 de personnes) dans le nouvel Etat de Palestine majoritairement musulman. L’OLP annonçait clairement la couleur en prévoyant l’expulsion par la force de tous les Juifs à l’exception de ceux qui étaient présents avant la déclaration Balfour (1917). BDS n’a, lui, pas encore tranché. Comme le dit son leader Omar Bargouthi, la forme étatique que les peuples de la région établiront dépendra de leur volonté et de l’évolution de leurs relations. Il y a donc progrès !

N. Mandela assurément plus chic que Y. Arafat

BDS n’annonce jamais à ses sympathisants occidentaux qu’il s’inscrit dans la filiation historique de l’OLP dans sa ligne la plus dure. Il préfère associer son image à celle positive de Nelson Mandela et l’A.N.C. qui préconisaient une révolution non violente et une coexistence pacifique entre Blancs et Noirs plutôt qu’à Yasser Arafat et l’OLP qui prônaient la lutte armée, la disparition de l’Etat d’Israël et l’expulsion de tous les Juifs par la violence comme solution au conflit. Mais peut-on leur donner tort ? Nelson Mandela, c’est quand même plus chic que Yasser Arafat.

Une image écornée?

En affirmant sa filiation sud-africaine plutôt que sa filiation avec l’OLP, le collectif palestinien entend brouiller le message qu’il adresse à l’opinion publique occidentale sur ses objectifs politiques réels (la fin du projet sioniste et la disparition de facto de l’Etat d’Israël). Il existe en effet une différence majeure, totalement passée sous silence dans tous les messages et tweets de BDS, entre la lutte menée en Afrique du Sud contre le régime politique d’apartheid et la lutte menée contre les sionistes. L’Etat sud-africain n’a pas disparu avec la capitulation des Afrikaners (pas plus que l’Etat espagnol n’a disparu avec la fin du régime franquiste ou l’Etat français après la disparition du régime vichyste). Dans le cas du combat contre le régime sioniste, la victoire passe également par la disparition de l’Etat d’Israël.

De nombreux sympathisants occidentaux soutiennent aujourd’hui le mouvement BDS en pensant à Mandela. Mais sont-ils au courant des véritables intentions du collectif palestinien et de sa filiation cachée ? Est-ce réellement un mouvement pacifiste et non-violent comme ils le pensent ?

S’ils pouvaient se poser la question ce serait déjà un bon début.

La campagne de boycott en France

Les cahiers du CERSP publient une cartographie des actions militants de B.D.S. en France.

En France, la question du boycott de l’Etat d’Israël a investi en quelques années non seulement le champ politique (les circulaires Alliot-Marie et Mercier[1]), judiciaire (arrêt de la cour de cassation du 20 octobre 2015[2], tribunaux condamnant ou relaxant des militants pro-B.D.S.) mais également culturel (boycott de chanteurs, annulation de festivals) ou encore économique (désinvestissement de certaines entreprises françaises comme Véolia
et Orange), etc. Pour ses supporters français, le mouvement est en ordre de bataille : « Du Canada, à l'Australie en passant par l'Afrique du Sud, les Etats-Unis, l'Amérique latine et l'Europe, c'est un mouvement international, non-violent et populaire qui se développe. Syndicats, ONG, associations, Eglises, universités, municipalités, personnalités de renommée mondiale et simples citoyens se retrouvent pour défendre un même objectif : l'application du droit »[3].


[1] CRIM – AP
N°09-900-A4 du 12 février 2010
. Cette circulaire a été complétée en 2012 (CRIM-AP N° 2012-0034-A4).

[2] J-B. Jacquin : « L’appel
à boycotter Israël déclaré illégal 
», Le Monde, novembre 2015. Dans cet arrêt, la cour a confirmé la condamnation par la cour d’appel de Colmar de 14 militants de B.D.S. à € 28.000 de dommages et intérêts aux parties civiles, ainsi qu’à une amende de € 1.000 avec sursis pour chacun des militants. Il leur était reproché d’avoir participé à une manifestation dans un supermarché appelant au boycott des produits en provenance d’Israël. Pour la plus haute juridiction française, le délit de « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race, ou une religion déterminée » est bien constitué.

[3] Tribune publiée dans le monde : « Boycotter Israël, c’est lutter pour une paix juste », novembre 2010 en soutien à l’appel
palestinien « Boycott, Désinvestissement, Sanctions » de 2005 et signée en autre par Olivier Besancenot et Clémentine Autain. Voir également : A. Remion, « Le boycott économique, politique ou culturel d’Israël, une tendance en expansion », Le Huffington Post, août 2014.

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Les sympathisants de BDS

La branche internationale de BDS se compose de deux catégories d'acteurs: les principaux partenaires étrangers du BNC d'une part et les aficionados du collectif palestinien qui occupent le terrain de l'autre. Si les premiers nommés sont majoritairement des mouvements progressistes et altermondialistes classés traditionnellement à gauche de l’échiquier politique, il n’en va pas de même des sympathisants de BDS qui se situent d’un bout à l’autre du spectre politique.

Le point commun entre les sympathisants

Qu'est-ce qui est susceptible de réunir une organisation syndicale altermondialiste, une association caritative musulmane et un évangéliste chrétien?

Le point commun est leur anti-impérialisme, c'est-à-dire leur contestation du régime politique de la démocratie libérale.

La lutte contre l’impérialisme (que certains appellent la lutte contre le mondialisme) est une notion suffisamment vague pour rassembler des organisations et des individus que parfois tout oppose idéologiquement[1]. Dans les pays du tiers-monde, notamment les anciens pays colonisés et les pays arabo-musulmans, elle correspond traditionnellement au combat des peuples autochtones pour leur indépendance (la lutte anticoloniale) et vise à combattre l’Occident et ses valeurs. Dans les pays occidentaux, elle s’oppose principalement à la mondialisation sauvage mise en place par une oligarchie internationale qui veut maintenir sa domination économique, culturelle et politique sur les peuples[2].

La « doctrine » anti-impérialiste est le résultat d’un savant mélange entre la lutte des classes chère à Karl Marx et ce que certains penseurs[3] appellent le sociologisme, autrement dit la dérive de la sociologie moderne qui entend proposer une analyse globale de la société au départ d’un prisme qui opposerait systématiquement les dominants (« in-group ») aux dominés (« out-group »). Cette critique des démocraties libérales n’est pas uniquement l’apanage des mouvements altermondialistes mais trouve un écho favorable auprès d’organisations et d’individus qui se situent à l’autre extrémité de l’échiquier politique qui sont ouvertement anti-impérialistes (par ex. les adeptes chrétiens de la théologie de la libération).

Si on devait résumer leurs propos, on pourrait dire que ceux qui se retrouvent aujourd’hui dans le courant de pensée anti-impérialiste sont tous contre la démocratie représentative, les États-Unis, l’Europe libérale et Israël.

Ce qui a pour effet quasi mécanique de placer la majorité des sympathisants de BDS à l’extrémité d’au moins un des trois clivages suivants :


[1] Ainsi par exemple sur l’échiquier politique français, les partis politiques de la gauche radicale (F.I., P.C., NPA, etc.), Ecolo, l’aile gauche du PS, la droite souverainiste (du style Dupont-Aignan) et l’extrême-droite (R.N.) se proclament aujourd’hui tous ouvertement anti-impérialistes.

[2] Pour illustrer cette lutte contre
le mondialisme, voir par exemple sur la toile la déclaration finale du
forum mondial organisé à Durban en 2001 signée par 1.500 ONG.

[3] Voir notamment P. Val, Malaise
dans l’inculture
, Grasset, Paris, 2015 ; R. Boudon, La logique du
social
, Pluriel, 1983 ; R. Aron utilise également ce terme.

Le réseau international du BNC

Le comité central BNC a référencé sur le site internet du mouvement, la liste, par pays, des organisations qui sont ses principaux partenaires à l'étranger. Le BDS International.

Typologie des partenaires étrangers

BDS prétend que "des milliers d'organisations et de groupes font partie du mouvement mondial BDS".  Bien que cette information soit totalement invérifiable, un examen attentif de la liste publié par le BNC permet de catégoriser les partenaires étrangers stratégiques en cinq grands ensembles :

a) Des organisations et associations altermondialistes

Ont par ex. signé la Charte de BDS France des organisations et partis politiques de gauche radicale (Nouveau Parti Anticapitaliste (N.P.A), Front de Gauche (englobé aujourd’hui dans La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon), des organisations syndicales (CGT.-INRA, CGT Educ’action, Confédération Nationale du Travail - CNT, Confédération paysanne, Union syndicale Solidaires) et des organisations altermondialistes (ATTAC France, Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique (FASE), Organisation Communiste Libertaire).

b) Des organisations « communautaristes"

Ont par ex. signé la Charte de BDS France: Collectif des Musulmans de France (CMF), Association des Travailleurs Maghrébins en France (ATMF), Association des Tunisiens en France (ATF), Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR), Font Populaire Tunisien en Ile de France, Mouvement Immigrations Banlieues (MIB), Union Française des Consommateurs Musulmans.

c) Des organisations juives antisionistes:

Ont par ex. signé la Charte de BDS France: Union Juive Française pour la Paix (UJFP), Réseau Juif International Antisioniste – IJAN (FR), Collectif judéo-arabe et citoyens pour la Palestine en France.

d) Des « amicales » pro-palestiniennes (groupes de solidarité):

Ont par ex. signé la Charte de BDS France: Association France-Palestine Solidarité – A.F.P.S., Intifada 76, etc.

e) Des organisations et associations religieuses

Ont par ex. signé la Charte de BDS France. Commission Proche-Orient de Pax Christi, Participation et Spiritualité Musulmanes (PSM), etc.

Les partenaires principaux français

Il y en a quatre pour la France:

  • BDS France : coalition de plus de 60 organisations nationales et comités locaux qui ont lancé un appel pour une campagne de boycott en France.

  • Union Juive Française pour la Paix (UJFP) : association qui se présente comme "militant pour le droit au retour et contre l'impunité israélienne". Le nombre de ses membres adhérents n'est pas public.

  • Association France Palestine Solidarité (AFPS) : association qui se présente comme "dédié à la lutte pour les droits du peuple palestinien, à travers le plaidoyer et les campagnes incluant le BDS". Elle affirme compter près de 5.000 membres répartis dans 100 groupes locaux en France mais cette donnée n'est pas vérifiable.

La majorité des partenaires référencés par le BNC sont des mouvements progressistes nationaux et internationaux. La mouvance altermondialiste est ainsi indubitablement la mouvance dominante au sein de la branche internationale de B.D.S.

Pourquoi le conflit israélo-palestinien est-il aussi passionnel?

Il n’existe aucune corrélation entre le conflit israélo-palestinien, aussi terrible fût-il, et le degré de mobilisation internationale qu’il suscite. C’est ce qui le rend singulier.

Les défenseurs d’Israël considèrent cette fascination éminemment suspecte. L’antisémitisme dont les Juifs seraient victimes en serait, selon eux, l’explication majeure.

Les défenseurs de la Palestine rejette catégoriquement cette explication et dénoncent même « le terrorisme intellectuel qui viserait à empêcher tout débat quant à la politique du gouvernement d’Israël et qui consisterait à taxer d’antisémite toute personne qui viendrait à critiquer celle-ci« . Ils considèrent cet intérêt international totalement légitime et pleinement justifié. L’injustice historique subie par les Palestiniens, le lourd tribut payé par la population palestinienne, la gravité de certains actes commis par les Israéliens, leur violation systématique du droit international justifieraient, à eux seuls, la centralité du conflit israélo-palestinien sur l’échelle internationale des conflits régionaux.

Une étude dirigée par Alain Soriano, Directeur du CERSP, entend proposer une autre explication.

L’étude se trouve en annexe en accès libre. Elle peut également être consultée sur le site du magazine Regards.

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Les membres de BDS Palestine

La branche palestinienne de BDS se compose de 3 grands acteurs : son leader emblématique, les 172 organisations et associations palestiniennes signataires de l'appel de 2005 ainsi que le comité central BNC.

a) Le leader emblématique

La plupart des médias occidentaux présentent Omar Barghouti, le porte-parole de BDS, comme étant le leader historique du collectif palestinien. On peut cependant s'interroger sur le bien-fondé d'une telle assertion. Le Council of National and Islamic Forces in Palestine (P.N.I.F.) étant l'organisation palestinienne dominante au sein du collectif, l'hypothèse la plus probable serait que le leader naturel de BDS ne soit autre que le chef de cette organisation, Marwan Barghouti, haut dirigeant du Fatah condamné à cinq fois la perpétuité et incarcéré en Israël et surnommé "le Mandela Palestinien" par ses supporters. (1)

b) Les 172 signataires

172 organisations et associations palestiniennes sont signataires de l'appel lancé le 9 juillet 2005 à la communauté internationale pour le boycott intégral d'Israël. Ces organisations et associations palestiniennes – partis politiques, syndicats, réseaux de réfugiés, comités populaires, associations religieuses, caritatives, etc. - se présentent comme les représentants des trois composantes majeures du peuple palestinien, à savoir les réfugiés en exil, les Palestiniens sous occupation dans les territoires cisjordaniens et gazaouis et les citoyens arabo-palestiniens vivant sur le territoire israélien.

c) Les 29 membres du comité central du BNC

A l'occasion de sa première conférence nationale de 2007 à Ramallah, le collectif palestinien a délégué à 29 de ses membres le soin d'administrer et de coordonner la Campagne Internationale de Boycott. Ces derniers sont regroupés au sein du Comité National Palestinien du B.D.S. (B.N.C.). Omar Barghouti co-fondateur de la campagne BDS y officie en qualité de porte-parole, Mahmoud Nawajaa en est le coordonnateur général et Salah Khawaja son secrétaire.

Les organisations palestiniennes les plus influentes au sein de ce comité central sont les suivantes:

  • Council of National and Islamic Forces in Palestine (P.N.I.F.) dont les leaders sont Marwan Barghouti cité plus haut et Mustafa Barghouti. Cette organisation regroupe 12 factions palestiniennes notamment l’Organisation de Libération de la Palestine (O.L.P.) mais également le Front populaire de Libération de la Palestine (F.P.L.P.), le Djihad Islamique et le Hamas.

  • Grassroots
    Palestinian Anti-Apartheid Wall Campaign -
    Stop the Wall

  • The
    International Solidarity Movement
    (ISM)

  • Occupied Palestine and Syrian Golan Heights Advocacy Initiative (OGAPI)

Certains membres du Comité National Palestinien du BDS (BNC) ont un lien direct ou indirect avec des organisations qui se trouvent sur la liste des organisations terroristes par l’Union Européenne et les États-Unis. Il s’agit par exemple de l’organisation Popular Resistance Comittees (PRC) liée au Hamas, Alkarama for Humain Right liée à Al-Qaida ou encore The Union of Health Workers Committees et the Union Agricultural Workers Committees qui sont liées au F.P.L.P. (2)


(1) voir notamment Cyrille Louis: "Israël: mille prisonniers palestiniens font la grève de la faim", Le Figaro, avril 2017. En 2017, Les autorités israéliennes ont annoncé qu’elles refuseraient l’entrée sur leur territoire à 7 personnalités françaises de gauche dont 4 députés de la France insoumise comme Clémentine Autain ou Danièle Obono. Motivation invoquée : leur volonté de rencontrer Marwan Barghouti et leur soutien au mouvement BDS.

(2) CERSP: "BDS est-il pacifiste?" mai 2019